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Le cocotier, joyau tropical nutritif et médicinal

par Anny Schneider, herboriste et auteure   www.annyschneider.com
Coup de foudre confirmé pour ce grand végétal polyvalent

Tout récemment, mon fils et moi avons eu le bonheur de découvrir la République Dominicaine, joyau de biodiversité encore méconnu, surtout au-delà des plages à la mode et des tout inclus.

Nous y avons aperçu des centaines d'arbres et de plantes insolites, mais partout, tout au long du voyage, c'est un classique revisité qui nous a ravi, nourri et protégé du soleil ardent : c'est le Cocos nucifera, alias le cocotier !

Dès notre arrivée à la première plage, nous avons avalé avec délice l'eau d'une noix de coco fraîchement décapitée puis grattée, et nous avons dégusté sa douce pulpe interne. Ensuite, chaque matin, nous l'avons ajoutée à nos smoothies aux bananes et aux papayes fraîches additionnés de graines pilées de cacao et de chia. Plus tard, lors d'une promenade en montagne, notre jeune amie dominicaine Diana nous a fait découvrir la noix de coco toute jeune, à peine germée, qui offre une consistance de barbe à papa, au goût et à la texture inégalables.

En plus d'être utilisée pour les fritures de plantain et de racines de yucca, l'huile de coco a hydraté notre peau asséchée par le sel marin et le soleil cuisant. Sans oublier les cocotiers, heureusement très présents sur les plages, qui nous abritaient gracieusement, les midis ensoleillés.

Seul danger : les chutes de noix en cas de vent fort !

Toutefois, pour tous ses cadeaux aux habitants de l'hémisphère sud et leurs visiteurs, ce grand végétal allié de tous mérite bien ce petit hommage !

PRÉSENTATION DE CET ARBRE INCLASSABLE AUX MULTIPLES USAGES
Ce palmier immense, qui est en fait une plante monocotylédone, de genre unique, fait partie de la famille des arécacées. Il peut vivre 100 ans et prolifère dans une bonne partie de l'hémisphère sud, des Caraïbes à la Colombie, de l'Asie à la Méditerranée et en Afrique du Sud.

Il commence à produire des noix entre l'âge de 8 à 10 ans, mais cela pour au moins 7 décennies !

C'est la mer et la flottaison de ses noix qui a permis son introduction partout en Amérique et dans les territoires subtropicaux, mais à l'origine il viendrait de l'Asie du Sud-Est.

DIVERSES UTILISATIONS ET PROPRIÉTÉS MÉDICINALES DU COCO ET DU COCOTIER
Son eau, son lait, sa sève, son huile, ses feuilles et ses fleurs, sa pulpe, son fruit germé, sa coque, sa fibre et ses racines : tout est utile et utilisable dans le cocotier !

Commercialisée en bouteilles dans nos magasins naturels, son eau est hydratante, diurétique et fébrifuge. Elle est notamment utilisée, dans les îles, pour contrer les coups de chaleur lors d'une insolation.

Durant la guerre d'Indochine, en l'absence de plasma, des médecins l'ont même transfusée directement comme sérum comme régulateur osmotique !

Dans tous les pays tropicaux, on utilise le lait de coco, une émulsion d'huile dans de l'eau de coco obtenue en râpant l'amande et en la pressant. En petite quantité, ce « lait » est très digeste et enrichit toutes sortes de plats : crudités, poisson, viande, salade de fruits, pâtisseries, etc.

À jeun et en grande quantité, c'est un laxatif doux et purgatif chez certaines personnes.

Les Chinois disent qu'en excès, il déséquilibre le yin-yang.

La pulpe séchée, râpée, en flocons ou en copeaux, se retrouve dans toutes les cuisines du Sud, des soupes aux viandes, des sauces aux desserts, et jusque dans nos macarons au coco.

RECETTE SIMPLE D'UNE GÂTERIE DES CARAÏBES
Croquants au coco piquants
50 cl d'eau
100 g de sucanat (sucre de canne bio)
100 g de copeaux de coco séché
30 g de gingembre frais râpé

Dans une poêle, préparer le caramel avec le sucre et l'eau, puis ajouter le coco en mélangeant bien avec une cuillère de bois.
Ajouter ensuite le gingembre.
Dès que la préparation commence à se dessécher, éteindre le feu et continuer à tourner.
Laisser sécher sur une plaque, à froid.
Découper en petits palets, puis conserver dans un petit bocal en verre.
Déguster en collation ou comme dessert.


Sa pulpe et son lait sont reconstituants et recommandés contre le diabète, les rhumatismes et l'inflammation. Ses fleurs, en infusion, sont antiasthmatiques, émollientes contre le mucus de la toux et de la sinusite, et elles calment les palpitations cardiaques.

Le lait de coco, très utilisé en cuisine, est aussi très nutritif, donc précieux dans les pays où persiste la famine.

Sa racine, en décoction, est riche en tanins, donc constitue un puissant astringent et est antidiarrhéique - des propriétés fort utiles sous les tropiques.

Consommée crue ou utilisée pour la friture, l'huile de noix de coco pressée à froid est une bonne régulatrice du cholestérol. Elle est aussi reconnue comme protectrice artérielle, entre autres grâce à ses acides gras à chaîne moyenne et sa grande concentration en acide laurique.

Elle est également vermifuge et parasiticide.

En cosmétique pour l'usage externe, son huile constitue un baume protecteur solaire efficace et un hydratant pour la peau et les cheveux secs bien connu de tous les habitants du Sud. Le coco constitue l'ingrédient de base dans le Monoï tiaré polynésien, par exemple.

L'huile de coco a aussi des effets harmonieux glandulaires, régulateurs du centre de la satiété et de la thyroïde, donc elle stabilise le métabolisme en même temps que la glycémie.

Par ailleurs, l'acide caprylique, aussi appelé « acide octanoïque », un acide gras isolé extrait de son huile, serait un puissant antifongique qu'on retrouve souvent dans des formules combiné à d'autres composés anti-candida albicans.

Le bois de la tige et de l'enveloppe du fruit est utilisé comme isolant ou tissé en corde pour fabriquer des paillasses et des tapis.

Ses feuilles servent de couvertures aux cabanes, huttes et autres palapas, des abris contre le soleil tropical trop ardent.

Surtout en Afrique et dans les Caraïbes, on extrait la sève du coco et on l'utilise comme sirop fermenté en alcool ou déshydraté comme un sucre semoule.

La pulpe fraîche du fruit écrasé soulage les seins douloureux lors de la lactation ou en période de syndrome prémenstruel.

Même le bourgeon terminal, le gland de la jeune noix de coco, est comestible.

Bien taillée, la coque externe peut être sculptée en bol, en cendrier ou en tout autre trésor artisanal et ornemental.

COMPOSITION CHIMIQUE DE LA NOIX DE COCO
Une tasse (250 ml) d'eau de coco contient 53 calories, 50 % d'eau, 15 % de glucides et moins de 1 % de lipides et de protéines. Par contre, elle est riche en minéraux : 353 mg de potassium pour 60 mg de sodium et environ la même quantité de magnésium. C'est un diurétique et un régulateur osmotique doux mais sûr!

Le lait de coco, plus dense et opaque, est bien sûr plus riche en calories (600 !) et en lipides saturés (50 g), contre 5 g de gras polyinsaturés. D'autre part, il contient 240 mg de phosphore, hautement énergisant pour le cerveau.

La pulpe de coco fraîche, également très nutritive, contient 280 calories, 50 % d'eau, 20 % de glucides, 5 % de protéines, et surtout 30 % de lipides, mais plutôt digestes, car à courte chaîne. N'oublions pas un honorable taux de potassium à 200 mg pour 100 grammes et de phosphore (75 mg pour 100 g).

La pulpe séchée, la plus utilisée en cuisine hors des tropiques, affiche le plus haut taux de ces nutriments, soit 30 % de glucides, dont 10 % de cellulose et jusqu'à 60 % de lipides totaux.

On y retrouve aussi des minéraux, notamment du potassium et du phosphore. À noter aussi, la présence de précieux oligo-éléments : le cuivre, anti-infectieux, et le manganèse, énergisant.

L'huile de coco, aussi appelée « huile de coprah », contient plus ou moins 80 % de gras saturés à chaîne moyenne, dont surtout de l'acide laurique et myristique, mais aussi des acides caproïque, caprylique, caprique, palmitique, stéarique, oléique et linoléique (6 % de mono-insaturés et 3 % de polyinsaturés).

Par conséquent, elle est relativement assimilable, non rancissible et parfaite pour la cuisine, même en friture. L'huile de coco fige toujours à moins de 25 degrés.

OUI AU COCO, NON AU PALMISTE !
Sa faible teneur en gras saturés à chaine courte la rend très assimilable et moins athérogène (nocive pour les artères) que l'huile de palme, qui contient entre 50 % et 80 % de gras saturés, selon qu'on utilise l'amande ou la pulpe de la noix.

N'oublions pas l'aspect écologique des coupes de jungles centenaires, dans le cas de l'huile de palme. Le coco, au contraire, germe et pousse partout, même en solitaire, là où la mer le mène et la terre le permet.

J'espère vous avoir convaincu des multiples bienfaits et agréments du cocotier !


Références :
  • Les renseignements de Diana, jeune Dominicaine, férue des produits de la nature.
  • Frappier, Renée et Danielle Gosselin. Le guide des bons gras, APRAS Québec, 1995, 403 pages.
  • Kirschmann, John. Nutrition Almanach - 6th edition, New York, McGraw-Hill, 2006, 384 pages.
  • www.phytomania.com/cocotier.htm
  • Haute école diététique de Genève
    www.heds-ge.ch/diet/encyclopedie/noix_de_coco05.pdf
  • Recettes à base de coco : http://www.cuisineaz.com/recettes/bonbons-coco-recette-creole-6721.aspx
Article paru dans le magazine Vitalité Québec No 182
Mars 2015
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