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Les sceptiques ont été confondus !

par Stéphane Groleau  
Photo: vegeculture.net
Derrière les maisons là-bas, à côté de la piste cyclable, c'est le jardin communautaire des Bois-Francs, à Victoriaville. Plus de 50 parcelles de 4 m sur 6 m sont offertes dans ce qui était autrefois un terrain vague. Impatient de mettre à l'épreuve les principes et idées rencontrés lors de mon séjour en Europe l'année dernière et les activités de formation suivies au Québec, je me suis pris une parcelle au jardin communautaire.

UNE PARCELLE AUTOFERTILE
Pour susciter des questionnements, j'en ai suscité! D'abord, la construction de trois grosses buttes recouvertes de feuilles mortes, suivie de l'ajout de barres de fer comme tuteurs, puis l'installation d'un petit plan d'eau, et enfin, l'implantation d'une multitude de plantes différentes dont des fleurs et des plantes vivaces.

Ce fut vraiment amusant de répondre aux interrogations des autres jardiniers et d'entendre leurs commentaires. Mais comme une image vaut mille mots, l'arrivée du mois de juillet a fait tourner bien des têtes face à l'exubérance des plants et à l'aspect général de mon jardin.

Le plus beau là-dedans, c'est que même si le sol est très sablonneux, je n'ai ajouté aucune fertilisation directe, mais plutôt du compost de surface avec les feuilles mortes et les résidus de culture. L'année dernière, du maïs y avait été cultivé.

Autant que possible, j'ai utilisé des semences du patrimoine, sinon j'ai opté pour des semences non hybrides à pollinisation ouverte et non traitées. L'absence de système d'arrosage m'a toutefois forcé au début à utiliser l'arrosoir. Au cours de l'été, j'ai à peine passé une demi-heure à désherber, mais j'ai rajouté des feuilles mortes à deux reprises et je laisse vraiment tous les résidus de culture sur place.

Selon moi, la bonne croissance des plantes découle de la non-compaction du sol. Je ne marche ni même ne m'appuie sur les buttes, ce qui permet aux systèmes racinaires de s'étendre au maximum tant pour la recherche de nutriments que pour l'eau. Aussi, cela facilite la colonisation par les organismes du sol. Le mulch agit ici comme couche protectrice en gardant une humidité et une température constantes, en plus de nourrir la vie.

Certaines cultures sont néanmoins plus difficiles, comme le semis de petites graines (carotte, épinard), et plusieurs semaines furent requises avant que les plants ne s'adaptent à cet environnement. Toutefois, la vie dans ce sol est réinstallée, et l'année prochaine sera une partie de plaisir!

Chose certaine, l'adoption de ce type de jardin m'a donné une grande liberté, me permettant de partir trois ou quatre jours sans avoir à me soucier de mes jardins. Enfin, la diversité des formes, des couleurs, des odeurs et des saveurs est un plaisir pour le corps et pour l'esprit!

LE SYSTÈME STOUT
Déjà dans les années 40, Ruth Stout cultivait en faisant un mulch permanent. Cette fois-ci, même pas de carton. On place des galettes entières de vieux foin les unes à côté des autres, et voilà, le jardin est prêt! Dans mon cas, tôt au printemps, j'ai recouvert une parcelle de gazon, puis une fois la température plus clémente, j'ai transplanté quelques plants: concombre, tomate, cerise de terre, tournesol, piment. Le sol reste toujours humide, ce qui favorise la décomposition du foin et répond aux besoins des plantes.

Finalement, je réalise à quel point il peut être facile de cultiver des légumes, peu importe notre condition physique, peu importe notre disponibilité, peu importe l'espace disponible.

Pour voir l'évolution de mes différentes parcelles, des photos sont disponibles sur Internet à l'adresse www.vegeculture.net/ou.

LES MULCHS
Au cours de l'été, j'ai également expérimenté diverses autres techniques. D'abord les mulchs (paillis), qui se révèlent être d'une aide fantastique pour préparer un nouveau terrain. Au jardin communautaire, une parcelle ayant un engrais vert de seigle fut recouverte de gros carton (boîte de réfrigérateur), puis d'une couche de feuilles mortes. Cela aurait été suffisant, mais pour vérifier la possibilité de cultiver dès cette première année, j'ai semé et planté une rangé de légumes différents à tous les 30 cm, alternant les familles selon leurs exigences, leur volume, leur vitesse de croissance... Il suffisait de faire un trou dans le carton et d'y déposer les graines ou le transplant. Cette technique de carton plus mulch est tellement simple. Les pommes de terre s'en accommodent à merveille. Le rendement final sera peut-être plus faible, mais il n'aura demandé aucun entretien.
Article paru dans le magazine Bio-bulle no 62
Octobre 2005
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