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Un jardin respectueux de l’environnement

par Réjean Roy  
QU’EST CE QU’UN JARDIN RESPECTUEUX DE L’ENVIRONNEMENT ?
Un jardin n’est pas nécessairement respectueux de l’environnement simplement parce qu’il est biologique. Un jardin respectueux demande beaucoup plus, car un jardin en concordance avec la nature doit respecter toute vie et subvenir aux besoins des êtres qui y habitent (les microorganismes, les insectes et les animaux). Ce jardin doit aussi prendre en considération tous les éléments qui le constituent ou qui l’entourent (le sol, l’eau, l’air et les aménagements utiles au bon fonctionnement des cycles naturels). De ce fait, ce jardin produira abondamment et subviendra d’une façon adéquate aux besoins du jardinier et de l’agriculteur qui vivent de cette générosité de la nature.

RESPECTER LES BESOINS DE L’ENVIRONNEMENT
Les aménagements
Aménager le terrain de façon à ce qu’il soit le prolongement de la nature. Il serait préférable que chaque parcelle utilisée par les humains devienne un terrain où la nature a la possibilité de se manifester. Contrairement à ce qui se passe actuellement dans nos villes, sur les terres agricoles, le long des routes et même parfois autour de nos résidences, il faut rendre à la nature son territoire perdu. Certaines villes ont commencé à aménager des parcs, à restaurer les berges de lacs ou de rivières, et même à mettre en place des «traverses à grenouilles» sous les autoroutes. Chaque surface que nous utilisons doit favoriser un partage avec la nature; ce territoire doit demeurer accessible à tout ce qui constitue cette nature, autant pour les êtres vivants que pour les éléments naturels. Voici des éléments importants pour aménager ce territoire idéal.

Amplifier les possibilités du jardin pour favoriser la vie et stimuler une diversité de plantes et d’organismes :

  • Un paillis au sol.

  • Installer des plans d’eau.

Accélérer le processus :

  • Permettre à l’auto-fertilité de se développer.

  • Une évolution plus rapide des cycles de transformation tels que l’évolution d’une prairie à une forêt, la décomposition du paillis, la relation proie/prédateur ou la chaîne alimentaire. Permettre aux animaux, insectes, plantes et bactéries de se reproduire sur plusieurs générations au même endroit.

Maximiser le potentiel naturel :

  • Dans un premier temps, on doit résister à la tentation d’appliquer un pesticide, même biologique, tant et aussi longtemps que le ravageur n’est pas en quantité suffisante pour attirer son prédateur spécifique. Acceptons donc l’intrusion des ravageurs qui permettront aux mécanismes régulateurs de la nature de se mettre en place.

  • Créons un équilibre entre les éléments pour atteindre un résultat optimal. En plus de l’auto-fertilité du sol, nous aurons un auto-contrôle des insectes et des maladies pour maximiser le potentiel que nous offre la nature. Tout cela, dans un minimum d’espace.

  • Comme nous l’avons vu précédemment, une plus grande variété de productions permet d’obtenir l’équilibre écologique, d’accroître le rendement de l’espace et la rentabilité tout en permettant une meilleure utilisation des ressources du sol.

  • Concernant la productivité des plants, ces derniers auront en plus une longévité accrue. Les plants cultivés dans un sol vivant et équilibré dureront plus longtemps. Par exemple, une plantation de fraises va produire abondamment et sans problèmes plus de six ans dans un jardin auto-fertile, comparativement à trois ans dans une culture conventionnelle.

  • Ajouter à notre jardin des vivaces et des bisannuelles et bien les répartir permet de préserver la vie dans le sol et à la surface d’une année à l’autre. Cela protège les plants et a pour effet de maintenir l’équilibre présent sans avoir à recommencer chaque année. Les semences et les jeunes pousses croîtront plus rapidement dans les premiers jours, car ils auront été mieux protégés pendant leur fragile début de croissance.

Nous voyons donc qu’un sol vivant et équilibré fournira des éléments nutritifs et protecteurs aux plantes qui sont elles-mêmes en plus grandes quantité et qualité. L’utilisation de paillis favorise une plus grande disponibilité des éléments nutritifs puisqu’il constitue un compost de surface perpétuellement en état de transformation. La grande variété de plantes entraîne une faible compétition entre elles. Nous ajoutons à cela l’aide de nos alliés, les prédateurs et les microorganismes, qui sont en fait partie intégrante du jardin respectueux. Tous ces éléments mis en place permettent aux plantes de mieux résister aux agents agressants.

COMBLER LES BESOINS
Passons en revue les moyens de combler les besoins des «participants» au jardin respectueux en maintenant l’harmonie. En fournissant aux divers éléments et organismes de la nature tous leurs besoins, nous favorisons leur présence dans le jardin et, ainsi, nous bénéficions des résultats de leur travail (prédation, fertilité, compétition pour l’utilisation de l’espace), ce qui diminue le potentiel d’une infestation massive du ravageur ou de la maladie. Voici les conditions nécessaires au jardin respectueux :

  • Garder le sol toujours couvert pour le protéger, le nourrir et fournir des abris à ses occupants.

  • Avoir une diversité de plantes permet à chacun de trouver sa pitance, son abri et son camouflage (surtout pour les prédateurs qui n’habitent pas nécessairement sur la même plante que le ravageur duquel ils se nourrissent).

  • Installer une variété de niveaux.

  • Niveaux de sol : La présence de buttes permet une variété de sites et de niveaux d’humidité au sol. Seules les terres travaillées par les humains sont aplanies. Presque nulle part dans la nature on ne retrouve un sol sans dénivellation. Tous ceux qui ont l’habitude de marcher en forêt, en montagne et dans les autres sentiers le savent.

  • Niveau des plantes : On peut cultiver sur presque sept niveaux différents au jardin (racine, couvre-sol, plantes basses, plantes standard, arbustes, arbres et grimpants). On peut utiliser judicieusement les trois dimensions à notre avantage tant pour la production que pour obtenir l’équilibre.

  • Fournir une nourriture (plantes, insectes, paillis, etc.) variée et toujours disponible pour tous les agents actifs au jardin.

  • C’est reconnu de tous les temps : l’eau, c’est la vie! À tous les vingt pieds dans le jardin, nous devons avoir de l’eau disponible pour abreuver et loger nos alliés.

  • Mettre un abri à la disposition de chaque espèce qui devrait vivre au jardin (paillis, variété de plants, variété de niveaux, plans d’eau, roches, tas de branches, etc.).

  • Satisfaire les besoins spécifiques de chacun de nos alliés : chicot pour les oiseaux de proie, eau pour les grenouilles, roches plates pour les couleuvres, nichoirs pour les oiseaux, branches basses, moyennes et hautes pour les différentes espèces d’oiseaux et paillis pour les vers de terre, les insectes et les crapauds.

  • Permettre les interrelations entre les hôtes du jardin.

  • Les fleurs attirent les insectes pollinisateurs pour produire les fruits.

  • Le travail de transformation des matières du sol par les bactéries nourrira les plantes.

  • Plus il y aura d’animaux et d’organismes qui respireront au jardin, plus il y aura de gaz carbonique (CO2) disponible pour la respiration des végétaux.

  • Un grand nombre de ravageurs attirera plusieurs prédateurs, lesquels feront ensuite diminuer la quantité de ravageurs au jardin : c’est la chaîne alimentaire.

  • La compétition des différentes espèces pour l’espace disponible diminue le potentiel d’infestation massive d’un ravageur ou d’une maladie.

  • Certaines sécrétions des uns (déjections) serviront de nourriture pour d’autres. Ex.: la plante perd ses feuilles pour nourrir le ver de terre qui, par ses tortillons, va à son tour alimenter la plante.

Permettre à la chaîne alimentaire de se constituer et participer ainsi à l’équilibre et à la continuité des cycles de la vie au jardin (feuille => limace => salamandre => oiseau => excréments => bactéries du sol => plante => feuilles => etc.).
Article paru dans le magazine Bio-bulle no 41
Février 2003
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