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Pour une alimentation nature

par Lucie Lafontaine, nd.a.  
Étant chargée de cours dans deux écoles de naturopathie et enseignant plus particulièrement ce qu’on appelle la gérontologie, j’aime être à jour et offrir à mes étudiants une vision la plus large possible sur ce qui a été publié récemment et depuis un certain temps. Pourquoi cela ?

Pour avoir le plaisir de discuter avec eux, comparer, soupeser et se rendre à l’évidence que la plupart des ouvrages se coupent et se recoupent au niveau des grandes lignes à adopter afin de vivre mieux et peut-être en meilleure santé plus longtemps. Pour leur démontrer aussi que ce n’est pas parce qu’un ouvrage n’est pas récent qu’il est dépassé, "que le neuf n’est pas toujours mieux que le vieux !" Bien entendu, les recherches avancent sans cesse et certaines découvertes nous aident à mieux comprendre ceci ou cela. Mais à la base, il y a certaines règles élémentaires (et alimentaires) à suivre qui, même au gré des découvertes, sont et demeureront immuables, parce que basées sur le gros bon sens.

Vous vous souvenez du Dr Catherine Kousmine ? Née en 1904, elle a obtenu un diplôme de docteur en médecine à Zurich en 1928. Elle a exercé la médecine pendant plus de 50 ans et, parallèlement, a poursuivi des travaux de recherche sur les facteurs pouvant mener à des maladies de dégénérescence ou dites "de civilisation".

"Depuis que j’ai compris combien l’homme s’est écarté de la nourriture normale et saine, qui a été celle de ses ancêtres d’avant l’ère industrielle, et que j’ai ramené systématiquement mes malades aux moeurs d’antan, j’ai constaté que, par cette mesure, pratiquement toutes les maladies chroniques s’améliorent."

Catherine Kousmine nous ramenait, dans les années 70, à des bases fondamentales : une alimentation saine, une complémentarité des vitamines et minéraux, l’équilibre du pH, etc. Au chapitre d’une alimentation saine, elle préconisait, entre autres, la consommation d’aliments entiers, de fruits et légumes frais, de préférence bio, d’huiles de première pression à froid. Par "entier", elle signifiait le moins trituré par l’homme, le plus près possible de comment la nature nous l’offre : céréales et grains entiers.

Vous souvenez-vous du livre La malbouffe de Stella et Joël de Rosnay, publié en 1979 ? Le livre débute ainsi : "Au moment où s’achève ce siècle dit de progrès, nous allons devoir tout simplement réapprendre à manger. La "Grande bouffe" et sa soeur la "Malbouffe" nous tuent à petit feu." Le tiers-monde continue de mourir de sous-alimentation et nous, de suralimentation ! Écrit depuis plus de 30 ans.

L’équilibre a bien meilleur goût. Il ne s’agit pas d’apporter son lunch quand on est invité ou de ne jamais consommer de junk food sous peine de je ne sais quel châtiment, mais entre s’offrir des écarts et baser la totalité de ses choix alimentaires sur des produits issus de l’industrie alimentaire, sachons faire la part des choses.

Au passage, la nourriture "la plus saine possible" et le "plus près de comment la nature nous l’offre", a bon goût. Exit la croyance que ce type de nourriture est fadasse, beige et sans goût ! Au contraire, sans doute moins sucrée, moins grasse et moins salée mais non moins sans saveur. Le palais se sensibilise aux goûts plus subtils, plus fins, et que dire des épices et fines herbes !

PLUS ÇA CHANGE...
Ces derniers mois, j’ai lu Toxic et Toxic food du journaliste français William Reymond ayant lui-même gagné plusieurs kilos superflus en habitant les États-Unis pendant quelques années. Une enquête fascinante, désarmante et souvent choquante, basée sur des faits concernant la pandémie d’obésité et son lot de conséquences sur la santé.

30-40 ans et même plus se sont écoulés depuis les parutions du Dr Kousmine et du couple de Rosnay, qui sont loin d’être les seuls pionniers au chapitre de l’éveil à une alimentation plus saine. Combien d’autres auteurs aussi avant-gardistes ayant passé pour des illuminés (ou autres quolibets plus ou moins flatteurs) ont écrit au fil du temps sur le sujet ? Force est de constater que, pour certains, ils avaient raison de s’inquiéter des effets d’une alimentation basée uniquement ou majoritairement sur des aliments issus de l’industrie agroalimentaire.

L’être humain est ainsi fait, allant d’un extrême à l’autre en passant par le juste milieu de temps en temps.

Partout dans le monde, les autorités commencent à réagir en mettant sur pied des programmes visant de meilleures habitudes de vie, incluant une alimentation moins raffinée, moins salée, moins grasse, moins sucrée, plus nature quoi ! Ce n’est pas nouveau, cela ne date pas d’hier et nous n’avons pas fini d’en entendre parler : nous serons toujours gagnants à se rapprocher de ce que la nature nous offre pour nous sustenter !

"La destinée des nations dépend de la façon dont elles se nourrissent." (Anthelme Brillat-Savarin, Physiologie du goût, 1826)

Plus d’énergie, plus d’endurance, meilleure résistance au stress, moins irritable, plus de mémoire, plus calme, moins anxieux, plus de plaisir et de joie de vivre, plus concentré, meilleur sommeil, être au meilleur de soi, ça vous dirait ?
Article paru dans le magazine Vitalité Québec No 138
Octobre 2010
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